Series “Motor oil drawings” Number 1, 2 and 3. 100x80cm/ 32x40 inches. Motor oil, pastels. New York, 2015-2023.
After creating the series Oil, I wanted to produce works directly with motor oil, and not only to investigate its reflective properties through photos (see also: Pillar). I poured drops of the dark liquid on a sheet of paper and I built walls, drawing lines with my pencil, to prevent the expansion of the oil stains... It was a lost cause : the black material volatilized and the stains became yellow and grew bigger and bigger, in a very slow way. The yellow stain needed one year to cover the whole paper ! Also my drawn walls were changing: the repetitive lines became flowers or living cells or stars or eventually gravitational waves. Is it possible to see the structure of the universe in a drop of an old Citroën motor oil ? Yes indeed, if you have a graphite pencil and time.
Suite à la série de photographies Oil j'ai eu envie de passer "l'autre coté du miroir" - ou bien de mettre les mains dans la cambouis?- tout d'abord en photographiant mon souffle à la surface de l'huile puis en dessinant directement avec le pétrole, enfin en jouant avec les couleurs visibles sur les photos : rose ma peau, bleu le ciel, vert les arbres, noir l'appareil photo...
La distance opérée par l’appareil photographique a fini par frustrer mon désir d’agir directement sur la matière (voir à ce sujet l’interview donnée pour le Littéraire.com) J’ai donc versé le liquide noir sur une feuille de papier et j’ai tenté de circonscrire la tâche avec des lignes d’abord faites au crayon graphite c'est à dire au carbone. Peine perdue : très lentement mais inexorablement la tache s’est agrandie devenant également toujours plus jaune. Il a fallu une année environ pour que les 72 taches de mes 72 dessins cessent de se répandre et il est probable qu’elles finissent par abimer le papier dans quelques décennies, le pétrole et les additifs de l’huile minérale n’étant pas spécialement indiqués pour le papier fût il PH neutre. C'est peut-être pour cela que j'ai fini par créer les Carbon flower qui sont en quelques sorte des "motor oil drawings sans motor oil"...
Un des enjeux de notre époque est assurément de remettre en question la distinction nature/culture. Représenter la nature c’est aussi nous représenter parce que nous sommes par essence la nature d’autant que notre environnement est de plus en plus humain comme le suggère le néologisme “anthropocène”. C’est sans doute cette intuition-là qui a guidé mon regard lors de la création de “Oil” : dans les reflets de la bassine de l’huile de vidange, on voit des taches de couleur bleue (les reflets du ciel) de couleur verte (les reflets des plantes) des nuances de rose (ma propre peau), le noir étant le plus souvent dû au reflet de mon appareil photo. Ces quatre couleurs s’entremêlent sans cesse offrant au regard des jeux plastiques dignes d’un kaléidoscope. Elles constituent aussi une manière de représentation radicale du monde comme si leur présence parvenait à offrir un portrait totalisant et forcément problématique du réel.
Nota : les passes des assemblages sont réalisés par mes soins de manière à obtenir le gris foncé et la matière exacts.
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